Ariadni n'aimait guère les réceptions mondaines, dîner de charité, et autres galas de la haute société néopolitaine. Elle ne pouvait s'y sentir à sa place alors qu'elle avait été élevée dans ce milieu pourtant. Même si ses parents avaient pris soin de la garder bien sur terre, elle avait aimé y évoluer, pendant un temps. Lorsqu'elle était la jeune championne naïve, inconsciente encore de ce qui se jouait derrière son dos et du rôle qu'elle avait dans tout cela. Et puis, ces faux-semblants, ces facades, elle avait finit par ne plus en pouvoir. Depuis sa nomination en tant que gladiatrice, elle devait plus que jamais tenir son rôle, sourire, graisser les pates des pontes et se faire bien voir si elle tenait à sa tête.

Pour ce dîner, elle n'avait pas passé des heures devant son miroir. Elle avait passé l'après midi à assister au tournoi et à y participer, notant soigneusement pour chaque adversaire potentiel les stratégies utilisées, et des techniques qu'elles ne connaissaient pas. En pleine période de test pour son équipe, c'était essentiel de trouver de nouvelles dynamiques, et quoi de mieux que d'en observer directement certaines ? Elle en avait retiré de bonnes idées, certaines appliquées immédiatement dans ses matchs, d'autres bien mises au chaud. Alors que s'ouvrait le dîner, elle savait qu'elle avait avancé jusqu'en demie finale, et son dernier match ayant eu lieu un peu avant le dîner, elle n'eut que le temps de passer à la douche, d'enfiler sa robe en vitesse et de se préparer sommairement. Sa robe était une merveille, comme d'habitude, d'un velours bordeaux brodé de fil d'or, magnifique. L'un des rares points positif de son boulot était que le gouvernement veillait toujours à ce qu'elle soit leur vitrine et cela passait par de somptueuses robes de créateurs. Très simple, elle décida de se préparer de manière minime, relevant ses cheveux en un chignon rapide, le côté coiffé-décoiffé improvisé donnerait l'impression qu'elle l'avait fait exprès.

Quand elle monta de ses appartements aux salles de réception, tous les invités n'étaient pas encore arrivés. La vue sur l'arène était parfaite, et les écrans géants permettraient de suivre les matchs en direct et comme s'ils étaient au premier rang tout en sirotant leurs cocktails tranquillement. Rapidement, elle se fit alpaguer par quelques passionnés qui tenaient absolument à avoir son avis sur le tournoi, les pronostics, et la saison qui allait s'ouvrir. Ariadni distribua sourires et petits morceaux d'avis en priant Arceus qu'ils ne s'attardent pas... A la première distraction, l'entrée d'un champion lui semblait-il, elle s'éclipsa jusqu'au bar et fit signe au serveur pour commander son cocktail habituel. En voyant arriver un nouveau groupe qui se dirigeaient droit vers le bar, dont elle reconnu le meneur qui d'ordinaire ne la lâchait pas de la soirée pour discuter stratégie en matant son décolleté elle attrapa un petit four et se glissa vers le buffet, consultant les résultats des derniers matchs de qualification qu'elle avait manqué. Les noms lui étaient familiers, elle connaissait Mara et Variel O'Reilly, et évidemment Cain. Quand à Lazuli Aethelwulf, le nom lui fit froid dans le dos, lui rappelant de douloureux souvenirs...

Les combats de la journée avaient été rafraichissants. Cain n’avait jamais vraiment combattu avec ses Pokémons et ne les avait jamais vraiment entrainés, considérant que sa véritable arme était sa diplomatie et sa position politique. Mais il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il devait essayer d’améliorer ses créatures au cas ou. Au cas ou la lente progression prévue par les Lumières de marche pas et que la ville tombe dans le chaos. A ce moment-là, les rebelles les plus violents ne feront certainement pas la différence entre un membre de l’Élite et un membre des Lumières. Il serait facile, d’ailleurs, pour n’importe qui de fortuné de se faire passer pour un rebelle sous couverture. Les hommes, ensuite, réglaient ce genre de question de manière décisive et brutale comme l’histoire du monde l’avait toujours montré. Il ne serait donc pas une très mauvaise idée d’essayer de se maintenir en forme. César et Leonie avaient une vie relativement confortable et ils étaient même devenus un peu paresseux. Ils se prélassaient et profiter de la richesse de leur maitre pour ne pas faire grand-chose à part jouer et roupiller. Un peu de sport ne leur ferait pas de mal.

Cain se sentait du coup un peu plus jeune. Il avait revêtu une tenue en velours côtelée dans les tons rouge foncé. Il portait une fine chemise noire en dessous de son trois-pièce et avait optés pour des chaussures noires aussi. Lorsqu’il arriva dans la salle, ses fans hypocrites et sincères le saluèrent et vantèrent ses talents de dresseur et de combattant du Colisée. Ils avaient bien révisé avant de venir lui parler et ils lui cirèrent les bottes pendant bien dix longues minutes avant que sa femme ne vienne le délivrer pour le tirer jusqu’au bar. Là, ils se séparèrent, n’ayant pas forcément les mêmes cercles d’amis. Commandant un whisky avec quelques glaçons, il en but une première gorgée en laissant quelques instants le liquide dans sa bouche. Puis il avala avant de sentir les saveurs boisées sur son palet et ses gencives. Il prit le temps de savourer avant de se rendre compte qu’il n’avait pas mangé depuis ce matin et donc, que l’alcool lui taperait vite sur la tête s’il n’avalait pas quelque chose très vite. Il arriva près du buffet et observa le choix.

Un serveur s’empressa de lui présenter les petits fours et les variétés de canapés chauds qu’ils avaient en réserve. On avait l’impression qu’ils avaient pris tout ce qu’ils avaient réservé pour le marché de la population pour le griller et le mettre sur des toasts. Le ministre se laissa séduire par quelques douceurs marines et de la viande séchée. Il avait une faim de loup et il avait l’instinct prédateur après ses tournois. Alors que ses yeux balayaient sur la foule naissante qui remplissait peu à peu la salle, ses yeux se posèrent sur Ariadni. Elle avait, sans surprise, remportait ses matchs et se trouvait à présent en attente d’un adversaire. Les combats décisifs allaient avoir lieu dans la soirée. Il se glissa près d’elle et demanda « Pas trop fatiguée des combats de la journée ? Je dois dire que tout cela m’a stimulé ! J’ai retrouvé une deuxième jeunesse ! » Dit-il avec le sourire. Si la jovialité protocolaire pouvait être embêtante pour Ariadni, il n’en était pas de même pour Cain. Bien qu’il se battait pour un idéal plus juste et donc, pour baisser considérablement les richesses de l’Élite, il avait décidé de savourer ces avantages tant qu’il les avait encore. Le vieil homme se disait qu’ainsi, il serait encore plus convaincant. Il enfourna goulument un nouveau toast an mâchant avec entrain. « Je pense me procurer un Pass Colisée et venir te dire bonjour quelques fois, histoire de garder mes Pokémons en forme. Tu en penses quoi ? Tu pourrais me donner des cours, des séances d’entrainement histoire de bousculer un peu ces pauvres bêtes gâtées ? » Et puis ça lui changerait et ça changerait aussi possiblement un peu de l’air que respirait Ariadni avec toute cette surveillance et cette suspicion.

Un dîner mondain, ça faisait longtemps que Swan ne s’était plus essayé à cet exercice de faux semblant. À vrai dire, elle avait tout fait pour esquiver ce genre d’événements. Elle ne s’y sentait pas à sa place et elle était incroyablement nerveuse à la simple idée de devoir faire la conversation à une personne haut placée dans Neopolis. Seulement, cette fois, elle ne pouvait pas y échapper, apparemment les gens commençaient à se poser des questions sur ses multiples refus et ça n’était pas bon pour son image. Zeblitz et les parents, il fallait qu’elle pense à eux avant de prendre des décisions. Elle se regardait dans la glace de sa chambre et y voyait une jeune fille dans une robe qui n’était pas fait pour elle. Elle détestait les robes de toute façon. Elle poussa un profond soupir et attrapa son sac. Inutile de se morfondre plus longtemps, elle avait assuré à son entraîneur qu’elle y allait afin de faire taire les rumeurs, elle ne pouvait plus reculer. Même si elle en avait terriblement envie. Elle sortit de chez elle et prit la direction du district Prismillon là où toutes les mondanités allaient avoir lieu.

De l’extérieur du Colisée on pouvait entendre de la musique et le brouhaha des conversations. On y était, dans quelques secondes elle allait entrer dans l’arène et ferait face à toutes les huiles de Neopolis. Elle posa une main sur son ventre sentant l’angoisse l’envahir. Et si jamais elle ne supportait pas tout ça ? Elle se mordit l’intérieur de la joue, il le fallait. Elle prit son courage à deux mains et entra dans le Colisée. Elle fut émerveillée par la grandeur des lieux – un peu comme à chaque fois qu’elle y allait – ce bâtiment était beau. Elle ne pouvait pas le nier. Il l’était. On l’arracha à sa contemplation pour la conduire à la salle de réception. Il y avait déjà beaucoup de monde. Des têtes que Swan connaissaient comme de parfaits inconnus. Elle se mêla à la foule, attrapa un verre qu’un serveur lui tendait et tenta de se trouver un coin à l’abri des regards indiscrets. C’était un peu peine perdue. Au loin, elle remarqua un dos qu’elle connaissait très bien. Son cœur se mit à battre un peu plus fort contre sa poitrine, Erik. Rapidement Swan fit demi-tour. Elle ne pensait pas le croiser ici et elle n’avait aucune envie de lui parler. Leur dernière conversation l’avait mis très mal à l’aise et elle avait tout fait pour l’éviter depuis.

Elle se dirigea avec hâte vers le buffet. Par chance, elle vit une autre tête qu’elle connaissait bien, Ariadni. Elle se pressa d’aller la saluer en veillant à rester hors de portée du regard d’Erik. Tant qu’il ne se tournait pas, tout irait pour le mieux. « Ariadni ? » Swan remarqua qu’elle était en compagnie d’un homme et rougit espérant ne pas avoir interrompu une conversation. « Oh pardon… je ne vous avais pas vu. » Fit-elle d’un air gêné. « Bonsoir. Swan Balmain. » Elle préférait se présenter. « Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, je voulais saluer Ariadni. » Bravo, comment avait-elle fait pour ne pas remarquer que la gladiatrice parlait déjà avec quelqu’un ?

Ariadni savait que Cain serait présent, mais elle ne s'attendait pas à tomber sur lui si vite après son arrivée, et elle avala légèrement de travers sa gorgée de cocktail. Le tournoi avait en effet été plutôt en sa faveur jusque là. Des adversaires comme elle diminués par la loi du quota dans l'ensemble, elle s'en était bien tirée. Toutefois, elle devait avouer que les combats l'avaient un peu fatigué, ses adversaires étaient tous des pros, dresseurs d'arènes ou champions, sans compter ses collègues gladiateurs. Elle n'était même pas sûre qu'il ait été très utile de séparer pros et amateurs étant donné que les pros avaient dans l'ensemble été durement touchés par la loi du quota. Beaucoup se trouvaient avec des équipes déséquilibrées, les faiblesses devenaient plus faciles à exploiter. Qu'il ait pris tant de plaisir l'étonna toutefois...

- J'ai eu pas mal de chance, on est tous déstabilisés dans nos équipes avec la loi du quota, l'ajustement est plus difficile pour certains que pour d'autres.

Ariadni le fixa quelques secondes, parfaitement immobile, sondant jusqu'à quel point elle pouvait aller. Elle n'était pas tendre avec lui, elle le savait mais s'empêcher d'être franche ? Il le cherchait.

- Tes pokémons s'acharnent bien, parce que vous avez une excellente relation. Ils sont bons, et semblent naturellement faits pour combattre, mais tu manques de rigueur, d'entraînement correct et académique. Tu ne prends pas assez les choses en main, tu te reposes sur eux. Ca les ralentit. Tu aurais pas mal de choses à apprendre au Colisée.

Ariadni prit une nouvelle gorgée de son cocktail, elle allait avoir besoin d'un autre bien vite, trop à son goût, elle devait garder les idées claires pour le reste du tournoi. Au début, cela avait aidé, avant les combats et surtout après. Aidé à affronter les hurlements de la foule, aidé à accepter ce qu'elle devait faire ou s'anesthésier assez pour se laisser porter par la haine de la foule. C'était le verre d'après qui était la véritable aide, combien de fois s'était-elle laissée  s'imbiber jusqu'à tomber pour dormir ? Mais une voix familière lui parvint, et elle se tourna vers la jeune jockey qu'elle connaissait bien et qu'elle était heureuse de voir ici. Elle faisait partie de ces visages qui changeaient des habituels hypocrites, elle était rafraichissante.

- Oh, Swan, comment vas-tu ? Tu connais peut-être Monsieur le ministre de la justice, Cain Williams ? elle se tourna vers Cain, le désignant d'un geste de la main J'imagine que tu connais au moins de vue Swan Balmain ? Je sais que tu gardes à l'oeil un de ses conccurents, mais cette saison je sens que ça se jouera entre elle et Félix Linard. ricanant légèrement à l'idée de la suite, et elle se tourna de nouveau légèrement vers Swan Mais pas d'inquiétudes, il a l'habitude de parier sur le mauvais galopa... Peut-être littéralement cette nouvelle saison, qui sait.

Ariadni leva son verre, plutôt fière de sa pique, ou était-ce le cocktail qui parlait ? Non, il lui en faudrait bien plus, mais la satisfaction de piquer le ministre de la justice était bien trop agréable pour laisser passer. Après tout, il l'avait voulu, non ? Et puis, une pique, une plaisanterie tout ce qu'il y avait de plus civilisée ne ferait de mal à personne. Souriant aux deux, elle continua, tout à fait honnête :

- La saison va bientôt s'ouvrir d'ailleurs, avec les beaux jours les courses vont reprendre, j'ai hâte d'y être, et que cet hiver se termine enfin...

Les courses étaient l'un des passe-temps qu'Ariadni avait encore la possibilité d'apprécier réellement. Bien sûr, elle était entourée de gens de la haute ce qui l'exaspérait mais elle passait bien plus facilement inaperçue et elle devait bien dire qu'elle appréciait cela. La plupart du temps, on la laissait tranquille, et malgré les regards régulièrement hostiles ou effrayés des spectateurs qui n'avaient l'habitude que de la voir au Colisée et non aux soirées mondaines. Elle s'était attachée à Swan, tout comme Félix ils venaient de milieux modestes et avaient un véritable don, le genre de choses qui ne pouvaient s'acheter. Swan avait été perdue dans un milieu qu'elle ne connaissait pas, et par hasard Ariadni l'avait rencontré, la tirant d'une situation peu enviable, lui donnant de bons conseils. De qui se méfier, qui avait d'autres idées en tête. Comme elle l'avait fait un peu plus tard dans une certaine mesure pour Félix, mais Swan était destinée à être bien plus facilement intégrée dans ce milieu. Ariadni savait qu'elle n'y serait que bien difficilement intégrée, surtout si elle ne continuait pas à gagner. Mais en attendant, si elle voulait survivre, et si elle voulait continuer d'attirer les sponsors, elle devait agir comme si elle y avat baigné toute sa vie, et les conseils d'Ariadni ne seraient pas de trop...

Ce diner semblait relativement bien se dérouler. Vu l'aspect officiel et cérémonial de la chose, on pourrait s'attendre à ce que des rebelles ayant le sens du spectacle se mette à faire du grabuge. Cain espérait que quoi qu'ils fassent, ça ne provoquerait pas des centaines de morts inutiles et une vengeance du gouvernement. Quelques fois, le ministre avait l'impression que plus les Rebelles poussaient moins ils obtenaient et même, ils revenaient en arrière. Que pouvaient-ils faire alors ? Si ce n'est faire d'autres plans... Hélas avec une situation comme celle-ci, bloquée dans les deux sens, pousser ne servirait qu'à se faire pousser en retour. Alors que si on évitait le combat de coq, le combat de force pure, ils avaient une chance d'y arriver. Ariadni ne sembla pas particulièrement ravie de le voir. Enfin, c'était difficile à dire avec son air égal en toute circonstance. Son visage était d'une froideur sans égal et il était compliqué de savoir ce qui la rendait ravie ou mécontente, surtout après qu'elle se soit fait arrêté. Mais Cain ne s'en formalisait pas. Après tout, il avait entendu pire au tribunal et il se doutait qu'une très grande partie des Rebelles maudissaient son nom au moins aussi souvent que celui du chef du gouvernement. La gladiatrice déclara qu'elle avait eu de la chance malgré l'affaiblissement de son équipe à cause de la loi du quota, et que certains autres dresseurs et gladiateurs avaient eu du mal à s'adapter. Pour avoir lu des articles sur les combats et surtout, sur les courses, Cain savait que la force d'une équipe tient aux choix stratégiques faites par le dresseur. Ainsi, une équipe de six n'était pas du tout comme une équipe de trois et les implications étaient incroyablement éloignées. Hochant la tête, toujours avec son sourire tranquille sur les lèvres, il dit « En effet, dans ce genre de contexte, il faut faire preuve de stratégie. Les gladiateurs sont généralement forts pour l'improvisation, même dans les circonstances les plus désespérées, c'est pour cela qu'ils sont ainsi admirés par la population. Tout est possible si tant est qu'il reste un peu d'espoir. » Un message caché ? Le ministre ne s'amuserait pas à ce genre de choses... Il parlait des combats et des courses, bien entendu... Enfin, pour les oreilles profanes qui écoutaient la conversation, c'était le seul sens que l'homme reconnaitrait.

Ensuite, la jeune femme commenta sur son équipe. Toujours aussi détendu et pas dérangé pour le moins du monde par l'attitude d'Ariadni il hocha la tête avec bienveillance. Il but une gorgée de son whisky et finit par hausser les épaules. « Ho je ne doute pas que les gladiateurs employés au Colisée auraient quelques choses à m'apprendre. La vocation de Gladiateurs vient avec un travail dur. Le plaisir de se retrouver dans un travail qu'on a choisi doit certainement ouvrir les yeux sur plus de choses. » Car Ariadni ne devait pas oublier qu'elle, elle s'était fait prendre. Si elle voulait se montrer hargneuse et ingrate que Cain l'ai épargné il ne lui tendrait pas la main une deuxième fois. Frôler les limites de la bienséance pour insulter, ça, Cain l'acceptait moyennement et il tenta de voir la gamine blessée plutôt que la jeune femme arrogante qu'elle était si souvent. Si elle était si forte, si elle était si bonne, si elle était si intelligente... Pourquoi se retrouvait-elle dans cette cage à oiseau exactement ? Elle avait tellement de choses à apprendre... Surtout à ne pas se mettre dans une position encore plus inconfortable que celle où elle était déjà. Il savait qu'elle était remplie de colères et de regrets, mais se mettre à cracher ce genre d'émotions négatives tout autour d'elle ne lui apporterait pas grand-chose. Alors que Cain commençait à chercher une échappatoire sans être impoli (contrairement à celle dont il avait sauvé la vie), une jeune femme se joint à la conversation. Ariadni la présenta comme étant une Jockey. Ariadni lui lança une dernière pique. Cain, poli et courtois répondit, tout en serrant la main de Swan « Mademoiselle Balmain, oui, je suis avec attention toutes les courses de Neopolis. Vous êtes une jockey très douée. »

Il sourit aux deux jeunes femmes avant de dire « Par contre, j'ai des amis qui viennent d'arriver et je dois urgemment leur parler. Passez une bonne soirée. » Cain n'était pas venu pour écouter les piques d'une enfant capricieuse qui n'avait plus rien de la combattante qu'il avait pensé voir. Pour le coup il était déçu. Il pensait Ariadni plus intelligente que ça, et surtout, plus prudente. Comment avait-elle survécu jusque-là ? Sans se faire assassiner ? S’il n'avait pas été de sa famille et s’il n'avait pas eu des idées aussi progressistes, il aurait certainement fait comme ses prédécesseurs et l'aurait simplement fait disparaître. C'était peut-être ce qu'elle voulait.

Je n’arrive même pas à croire que le ministre de la culture a accepté de me laisser la chance de faire un petit numéro pour divertir les gens. Bien sûr, j’ai dû passer devant les organisateurs de l’évènement pour leur assurer que ma performance est de taille. Bon, il paraît qu’ils ont aimé puisque j’ai reçu l’invitation par boîte aux lettres. Je me suis pratiqué pendant des jours pour perfectionner mon numéro. Les concours pokémons sont autant plus exigeants que des combats d’arènes dans le colisée. Parce que non seulement il faut tenter de mettre son adversaire K.O dans la deuxième partie, il faut aussi s’assurer que nos attaques combinaisons s’affichent dans une élégance et beauté pour gagner plus de points. Ça paraît facile à la première vue, mais ce ne l’est pas.

Le jour J arriva, le diner mondain arriva. J’ai pris presque deux heures pour choisir mon uniforme, je ne voulais pas paraître trop arrogant ou trop riche. Au final, j’ai choisi un ensemble dont j’avais l’air quelqu’un de la haute société, en réalité, j’ai repris un costume de mon défunt oncle. Oui, j’ai décidé de l’honorer en portant son costume favori pour ses concours. J’enfilai le beau pantalon argenté avec une chemise blanche, un toxedo de la même couleur du pantalon pour bien agencer, puis je mis des gants blancs pour la performance. Un chapeau gentlemen blanc compléta le tout. Je n’ai pas le pass pour le Colisée, mais exceptionnellement pour cet occasion, j’ai pu assister aux combats puisque j’étais un “artiste” invité. Enfin, je suis un coordinateur invité. Les combats furent intéressant, je ne fus pas surpris de voir la gladiatrice Ariadni, je la vois parfois à la télévision et j’aime beaucoup ses combats. Je crois que la surprise de la journée a été monsieur Williams, non parce que je doutais de ses capacités, loin de là, j’étais juste surpris de voir un ministre se rendre aussi loin dans la compétition. Que dire de Variel, un bel homme de la célèbre famille des O’reilly, je l’aime bien, pas seulement pour sa beauté d’homme, mais pour sa persévérance dans le tournoi. En réalité, j’aurai dû m’inscrire, oui quoi, si un ministre, un éleveur peuvent se rendre en demi-final, pourquoi pas moi? Liza la Kirlia et Faith la Togekiss ont de l'expérience. Mais bon, j’étais occupé à perfectionner ma performance que j’espère les gens vont apprécier.

Mon estomac gargouillai, j’ai de la misère à déterminer si c’était parce que j’avais faim ou parce que je suis un peu stressé pour ma performance. Pourtant, je sais que j’ai pratiqué beaucoup de fois donc je n’ai pas à m’en faire. Pas vrai? Je mangeai quelques entrées pour ne pas avoir le ventre plein. Je ne suis pas venu ici pour dérober toute la nourriture, oui je me connais, je peux être un petit cochon parfois. Je souris, je vis au loin monsieur le Ministre de la Justice, monsieur Williams. J’aurai aimé aller lui parler, mais il était déjà en train de faire la conversation avec Ariadni et une autre jeune femme que je reconnu, mais je ne me rappelai plus de son nom, je sais que je l’ai déjà vu dans une annonce de télévision concernant les courses Jockey. Je tentai de me rappeler son nom que j’avais sur le bout de la langue, mais quelqu’un me fit sursauter en posant la main sur mon épaule droit. Je reconnu un membre de l’organisation de l’évènement qui me dit que c’est maintenant à moi de divertir les gens. Je me faufilai dans la foule de gens pour me rendre sur le côté du stage, puis les lumières se tamisèrent, assez pour que les têtes se retournent vers la scène et qu’un spotlight m’aveugle. L’organisateur principale fit les présentations :

-Bonjour à tous, chères Dames et chers Messieux, je vous présente Liam Hawkins, jeune coordinateur talentueux qui semble suivre les traces de son célèbre oncle Top-Coordinateur ; Dorian Hawkins!

Des gens applaudirent, puis je pris le micro pour parler aux gens, je voulais vraiment faire un mini intro :

« Merci à vous tous, je dois avant-tout remercier monsieur le Ministre Averdale, de la Culture pour m’avoir donné l’opportunité de faire une performance. »

Je fis une petite pause pour regarder le concerné en le saluant du bout de mon chapeau de gentlemen, je crois que c’est la moindre des choses de le remercier. Puis, je terminai mon discours :

« Que la magie vous emporte et que ça soit un festin pour vos yeux! »

C’était là que les lumières de la salle diminuèrent à nouveau, mais pas assez pour que la salle tombe dans la noirceur. Je me tournai dos au public, je pris une respiration pour me concentrer. Que le spectacle commence! Je m’avançai jusqu’au fond de la scène, puis je sortis une pokéball dans une capsule en plastique avec un sceau magique pour créer des effets à la sortie du pokémon. D’un coup, je me tournai vers le public en lançant la pokéball de mon allié vers le haut en disant :

« Faith! En scène! »

La sphère bicolore s’ouvrit en deux, libérant une chute d’énergie blanche qui atteint le sol de la scène, laissant apparaître une belle et majestueuse Togékiss. Beaucoup de gens riches enviaient ce pokémon aux allures royales. Un sourire s’afficha sur mon visage, content de voir que l’effet d’entrée a plu aux gens. Le restant des lumières magiques créé par la pokéball se faufilèrent dans la salle comme des bourgeons vivants.

« Aurasphère! »

Au sol, Faith fit joindre ses deux ailes vers l’avant pour créer une magnifique et vive boule bleue. Elle le balança dans les airs avec grâce. En tant que coordinateur, je dois coordonner ses attaques, j’enchaînai avec :

« Piqué! »

Faith s’entoura d’un aura blanc qui l’a met en valeur grâce aux lumières tamisées de la salle. Elle ne perdit pas de temps pour monter en pique vers la boule bleue. Faith entra en collision avec la boule de son attaque aurasphère ce qui créa un supernova bleuté au-dessus des têtes des gens. J’entendis des : ôoo âaaa. Au centre du supernova, Faith continua son numéro :

« Lames d’Air! »

Elle tourna sur elle-même comme une toupie, le supernova créé par mon pokémon vint aspirer autour d’elle et tourna dans le même sens que l’effet toupie. Les gens les plus rêveurs ou même imaginatifs pouvaient croire que Faith était entrain de créer un effet galaxie. Les résidus de la supernova finirent par tomber dans une pluie d’étincelles brillantes et multicolores. Mon pokémon descendit de façon élégante et arriva tout juste à mes côtés pour faire révérence au publique. Faith ajouta son petit grain de sel en envoyant d’un coup d’ailes des étincelles brillantes qui allèrent danser au-dessus des têtes des invitées.

Voilà, fin de la performance. Mon coeur bat à cent mille à l’heure, espérant que le publique a aimé!  

L'annonce d'un dîner mondain l'avait fatiguée à l'avance, Bellamy, mais elle savait aussi qu'elle avait tout intérêt à se montrer lors de ce genre d'événement. C'était en effet, l'occasion rêvée pour la jeune championne de faire bonne impression et de se montrer, toujours en faveur du gouvernement. Les couleurs des festivités avaient été données : rouge et or. Bellamy qui n'avait évidement aucune envie de faire tâché s'était habillée en conséquence d'une longue robe rouge au discrets motifs dorés, de bijoux en or et avait fait appel à des coiffeurs et maquilleurs professionnels, parce qu'elle le valait bien. Ainsi parée, elle était sûre d'être la plus belle de la soirée et sans perdre une minute de plus, elle grimpait dans sa voiture en indiquant au chauffeur qu'on pouvait y aller.

Le trajet fut bien trop court au goût de la jeune femme mais elle avait eu le temps de se préparer psychologiquement à la longue réception qui l'attendait. Elle allait une fois de plus devoir faire semblant, sourire à moitié, hypocritement, pour de faux, à l'élite de la ville, les hommes et femmes au pouvoir, ceux qui paraissaient avoir confiance en elle et croire qu'elle était pleinement de leur côté. Elle se disait parfois qu'elle devait être drôlement douée pour cacher si bien son jeu à la vue de tous, ou alors c'est que tout le monde s'en fichait, tant qu'elle tenait son rôle auprès des habitants, cet à priori inoffensif public. Mais ce soir, il ne serait pas là. Sa représentation n'aurait pour spectateurs que les puissants de la ville, ceux qui la prenaient pour une des leurs. Le personnage bien en place dans son crâne, elle fait son entrée parmi la cinquantaine d'invités déjà présents. Elle envoie des sourires, des salutations, des signes de tête, claque la bises, serre des mains. On lui parle, lui sort des banalités, lui prend la tête avec des idioties comme le prix d'un d'une pierre ou le résultat d'un sondage. Elle s'intéresse comme elle peut mais s'éclipse toujours bien vite en soupirant de soulagement tellement elle se fiche de ces commérages inutiles et idiots. Décidément, tout l'agace très vite ce soir.

Finalement, elle repère un serveur plutôt qui porte un plateau de verres de champagne et décide de lui en chiper un avant qu'une voix qu'elle ne met pas longtemps à reconnaître s'élève dans la salle et que ne commence la prestation d'un jeune homme qu'elle identifie rapidement, ayant été amis étant enfants. Elle observe, s'émerveille presque pour de vrai en même temps que tous les autres, applaudit quand c'est finit. Elle essaye ensuite de se frayer un chemin comme elle peut parmi les admirateurs du coordinateur qui se pressent autour de lui comme s'il avait une sorte de pouvoir d'aimant. « C'était vraiment magnifique, bravo. Ton Togekiss a été superbe. » Le félicite-t-elle en se plantant devant lui. Cela fait quelques temps qu'elle ne l'avait pas vu en personne alors elle l'embrasse sur les deux joues, historie de faire comprendre à ceux qui l'envie qu'elle le connaît, oui. « Ton oncle serait fier de toi. » Elle a appris sa mort et elle lui a déjà fait part de ses condoléances, ou du moins elle croit l'avoir fait mais elle a toujours un million de choses à penser. Comme en ce moment par exemple, elle est ici dans la salle entourée de tous ces gens, ces gras et grossiers personnages, et en même temps elle prépare le match qu'elle disputera tout à l'heure et qui la ferait presque angoisser. Mais elle sait qu'elle est prête, elle est tellement entraînée.

Elle se tordait les doigts nerveusement. Swan maudissait intérieurement cette notoriété qui l’obligeait à se montrer dans le vaste monde. Elle aurait préféré une soirée tranquille avec son Zeblitz. Elle sourit à Ariadni. « Ça va et toi, comment vas-tu ? » Elle aurait peut-être du englober l’homme avec qui elle parlait. La championne l’introduisit d’ailleurs et Swan manqua de défaillir. Comment avait-elle fait pour ne pas le reconnaître ? La jeune femme hocha la tête. On lui avait appris qu’il fallait qu’elle réponde toujours oui lorsqu’on lui demandait si elle connaissait une personne. « Bien sûr ! Monsieur le Ministre, bonsoir. » Elle inclina légèrement la tête en signe de reconnaissance. Ariadni continua sur sa lancée, parlant course et les oreilles de Swan vrillèrent à l’entente du nom d’un de ses concurrents. Non, elle allait encore tout faire pour tout gagner. « J’espère que vous ne serez pas déçu si jamais je bats votre favoris. Je ne compte pas laisser la victoire si facilement cette année. » Elle sourit. Elle retrouvait ses réflexes et les manières à adopter avec les gens de la haute société. Elle qui avait cru être passablement rouillée, c’était comme la bicyclette, ça ne s’oubliait pas. Le Ministre les salua poliment avant de s’éclipser à son tour, les laissant seules. Swan poussa un soupir de soulagement, sourit à quelques têtes qu’elle connaissait avant de reprendre sa conversation avec Ariadni. « Quelle soirée ! » Ça ne faisait même pas une heure qu’elle était là qu’elle sentait déjà monter l’angoisse d’être entourée par autant de monde.

La lumière commença à se tamiser en même temps que les conversations cessèrent. -Bonjour à tous, chères Dames et chers Messieux, je vous présente Liam Hawkins, jeune coordinateur talentueux qui semble suivre les traces de son célèbre oncle Top-Coordinateur ; Dorian Hawkins! Tous applaudirent. Swan fronça les sourcils, curieuse de savoir ce qui allait se passer par la suite. Elle ne savait pas qu’il y aurait des représentations. Un jeune homme prit le relai avant de commencer le spectacle. Il fit sortir son Togékiss de sa pokéball et démarra son tour. C’était tout bonnement fascinant. Swan avait toujours été attirée par les spectacles de ce genre avec les pokémons. Elle trouvait que c’était plus gracieux. Le spectacle prit fin aussi vite qu’il avait commencé, Swan l’avait trouvé beaucoup trop rapide. Elle aurait bien voulu que ça continue une heure ou deux histoire d’éviter la conversation avec des gens qu’elle ne connaissait pas et qu’elle n’avait pas envie d’apprendre à connaître. Elle poussa un soupir. « À quelle heure tu crois que ça termine ? » Fit-elle à Ariadni. Oui, elle songeait déjà à la fin de cet événement. Elle était tellement angoissée qu’elle n’avait pas touché à la nourriture encore et sa robe la gênait terriblement. Elle se mit de dos à la foule ayant aperçu Erik une nouvelle fois, mais cette fois il pouvait très bien la voir d’où il était. Non, il n’était toujours pas question pour elle de se retrouver face à lui. Elle n’en avait pas l’envie.