Je ne me souviens pas d'un seul jour dans ma vie où j'ai pu être aussi nerveux et en colère. Alors que je me prépare à entrer sur le devant de la scène, en plein milieu du Colisée, je ne peux pas m'empêcher de trembler légèrement. Je n'ai jamais mis un pied dans les gradins, encore moins sur la piste. J'ai toujours évité cet endroit le plus possible, et je ne sais pas ce qu'il m'a pris de venir ici, pour ce tournoi. C'est ici qu'ils ont assassinés tant de personnes. Entre autre, ma mère. Sur cette piste sur laquelle je vais bientôt me tenir. Quand j'ai entendu cette histoire de tournoi, j'ai sauté sur l'occasion sans vraiment réfléchir. Parce que j'ai envie de leur prouver qu'ils ne sont pas tout puissants, sûrement. Ça pourrait me donner de la crédibilité envers les Lames en plus, plutôt que d'être le petit gamin en colère qui passe sa vie à faire des bêtises. Et puis parce que la récompense est quand même pas mal. Pour les riches d'en face ça doit être rien, mais pour moi et mon père ça représente six mois de salaire d'un coup. Certes, mes Pokémon ne sont pas aussi bien entraînés... mais on ne sait jamais. Comment je pourrais savoir si j'essaye pas. Et de toute façon je ne perds rien. Je jette un coup d'œil au Colisée rempli à raz bord, crispant la mâchoire et serrant les poings. Je n'aurais jamais vraiment cru que je finirais par être au milieu de ce stade, mais voilà. La nuit commence à tomber sur la ville, au moment où nous faisons notre entrée. Je jette un regard à mon adversaire du jour, la main déposée sur l'une de mes PokéBall pour me donner du courage. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que ma propre mère a foulé le sol de cette arène avant de mourir. C'est le dernier endroit qu'elle a vu. Je ne veux même pas imaginer comment elle a du se sentir. Si seulement je pouvais gagner aujourd'hui... J'aurais au moins l'impression de la venger, un peu. Même si je ne serais absolument pas en paix. J'en voudrais plus. Je le sais. Je veux tous les faire tomber, un par un. Chaque membre de la haute doit payer.
« Pour ce second quart de finale, c'est encore un O'Reilly qui entre en piste ! Merci d'applaudir bien fort Mara ! » Je relève les yeux alors que la foule se met à hurler et applaudir celle qui devait sans aucun doute la favorite. Le crasseux que j'étais ne devrait avoir aucune chance, selon leurs estimations n'est-ce pas ? Pfeuh. Je me retiens de soupirer. Une O'Reilly. Est-ce que j'aurais pu mieux rêver, en fait ? Je voulais tous les faire payer, et je tombais sur une de la famille d'éleveurs. L'une des familles les plus influentes de la ville qui plus est. Qui ne connaît pas les O'Reilly, malheureusement ? « Jeune outsider, il n'a pas une bourse remplie mais ne manque pas de coeur et de talent, Lazuli Æthelwulf ! » De cœur et de talent, hein. Cette simple phrase me donnerait presque envie de vomir. Ils espèrent berner quelqu'un ? Ça doit bien les faire chier que je sois simplement là à me mesurer à une O'Reilly, sur un pied d'égalité. Je me mets en place, la main toujours sur ma PokéBall, comme pour me rassurer. Sjell et Gwalldan sont bien là, tous les deux. Et ça empêche tout le monde de voir à quel point je suis nerveux. Je me mords l'intérieur de la joue, alors que le présentateur tire au sort qui ouvrira le match. Je ne suis même pas surpris d'entendre celui de mon adversaire. C'est peut-être un simple hasard, mais je n'y crois pas. Je suis beaucoup trop méfiant. Ils veulent lui donner l'avantage, c'est tout. Je secoue la tête. « Mesdames et Messieur, chers adversaires... Sortez vos pokémons et que le combat commence ! » Je sors la Ball de Sjell de ma poche, la bouche sèche. La foule se met à crier encore plus fort me donnant envie d'aller leur mettre à tous un poing dans la figure, avant d'appeler ma Riolu au combat. « Je compte sur toi. » Je murmure simplement alors qu'elle se met en place, prête à en découdre, en attendant que la O'Reilly envoie son Pokémon.

Spoiler:

Mara observe son adversaire d'un oeil critique. Il est aisé de deviner son origine, quand bien même l'arbitre ne l'eut-il pas présenté de manière si condescendante. Il a l'air sale, ses habits sont raccommodés sans soucis de l'esthétique, et elle frissonne en voyant les mains noircis du concerné. Des mains de travailleur, note t-elle, des mains qui lui servent à survivre. Abimées par l'effort, pas l'usure, il est pourtant jeune. Elle se prend à mépriser cet homme du peuple, cet air farouche qu'il arbore et qu'elle compte lui ôter du visage, elle rit intérieurement de cette bravade qui ne saurait durer et se réjouit encore une fois de sa propre personne. Qui eut-elle été si le sort lui avait été moins favorable ? Une simple fille de paysanne ? Une souillon ? Mara aimait à croire que rien n'arrivait par hasard; et que toute conséquence trouvait explication. Elle était qui elle est par mérite comme par héritage, l'un n'étant dissociable de l'autre.

Elle se ragaillardit sous les applaudissements d'un public survolté, elle sait qu'elle est favorite, pourquoi ne le serait-elle pas? Comment pourrait-il se comparer, lui, simple homme, face à elle, une O'Reilly ? Si elle le défait, les gens l'acclameront, si elle perd on dira qu'elle a fait acte volontaire de charité. Elle a tout à gagner de ce combat, et sait que les dîners mondains regorgeront d'histoires croquantes de ces quelques instants. Elle a jusqu'alors combattu sans difficulté les autres dresseurs, elle a la science du combat après tout: son père l'avait voulu, l'y avait obligé. Elle était éleveuse mais surtout représentante de son propre statut, agent involontaire d'un pouvoir qui dépassait largement les limites de sa seule existence. Comme les gardes, vigiles de l'ordre, elle était gardienne d'un espoir, d'une aspiration vers ce que Néopolis avait à offrir de meilleur, enfant star du système.

Mara adressa un sourire humble à la foule et leva la main pour les saluer, pas trop longtemps pour ne pas avoir l'air trop enthousiaste, mais suffisamment pour s'attirer les sifflements de quelques garçons courageux. Elle effleure des doigts la pokéball de Vivienne et hésite. Vivienne l'accompagne toujours et la sert fidèlement, mais aujourd'hui Sera semble un choix plus judicieux face au Riolu de son adversaire, un beau petit bout de pokémon qui la toise attentivement. Finalement, elle se décide. Vivienne attendra, Sera sera sa première championne pour ce combat. Elle brandit sa pokéball et l'envoie après une petite pirouette. Sera s'ébroue et rugit, gracieuse plus que féroce, et adorable là où d'autres seraient intimidants. Mara joue sur la surprise, personne ne s'attend à la force dont peut faire un preuve un pokémon si minuscule. « Sera, attaque PIC PIC » s'écrit Mara à Sera qui n'attend pas une minute pour attaquer cruellement Riolu de son bec tranchant.

Pokémon : Sera - nv.14
  PV : 12 pv
  Attaque : Pic Pic (vol)

  Dégats infligés : 4 (dé) + 2 (bonus type) + 2 (niveau)
  Autres : précisez ici si vous avez lancé une attaque "spéciale" qui vous fait sauter un tour ou qui le met à l'abri pendant un tour (vol, surf, etc)